Publié le 11/03/2009 par Nicolas Quirion

Le Grand journal a rencontré le peintre français Jean-Jacques Chambry, Il nous a parlé de ses voyages, entre la France, L’Afrique et, depuis un an, le Mexique.
Des voyages qui sont autant d’évolutions dans la peinture d’un artiste qui déclare : « Je ne pourrais pas peindre si je ne voyageais pas ». Rencontre.
-Le Grand Journal: Jean-Jacques Chambry, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
-J-J. Chambry: Et bien j’ai suivi les cours de l’école des Beaux-arts de Rouen, avant de me spécialiser comme architecte d’intérieur.
De retour à Rouen, après mon service militaire en Algérie -durant la guerre- j’ai trouvé du boulot dans une grande menuiserie, comme dessinateur. Je voulais apprendre les techniques de la menuiserie, quelque chose de concret, car les beaux-arts c’est très théorique.
Au bout de deux ans je me suis mis à mon compte, on a monté un cabinet d’agencement de magasins, qui s’appelait Instamag. On travaillait sur Rouen, sur Paris…. On était une équipe de copain, c’était très sympa.
Et puis, un de mes amis à décroché un chantier à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Je suis parti là-bas et j’ai ouvert un bureau d’étude. Et au final, j’y suis quand même resté 13 ans !
Je travaillais beaucoup pour la présidence de la république, je faisais un peu de tout : de la rénovation d’ambassades, de consulats… J’ai participé en tant que décorateur et paysagiste à la cathédrale d’Abidjan, j’ai travaillé sur les portails, les jardins et les vitraux.
Au bout de 13 ans il y a eu d’importants problèmes en Afrique, une grosse récession… Plusieurs chantiers ont été arrêtés, faute de payement. Je ne voulais pas d’histoire, alors en 1989 je suis rentré en France.
-LGJ: Et comment en êtes vous arrivé à la peinture ?

-J-J. Chambry: Je voulais peindre, ça a toujours été ma passion. J’ai commencé à peindre à Rouen -le berceau des impressionnistes. J’ai d’ailleurs travaillé comme un impressionniste pendant 10 ans. J’allais là où les grands peintres allaient. Je donnais également beaucoup de cours de peinture. J’avais ma propre école.
En 1999, j’ai déménagé à Montpellier, j’allais peindre dans la nature. Ça a été la fin de ma période impressionniste car là-bas je n’arrivais pas à rendre la lumière.
Alors pendant 9 mois j’ai bossé, pour épurer et arriver à ce que je fais maintenant : surtout un travail de couleurs et d’harmonie. Le sujet n’a plus d’importance, je veux juste quelque chose qui me plaise à moi.
La peinture c’est ça : il faut être égoïste ! Je ne travail pas pour vendre, j’ai beaucoup de plaisir à peindre, et quand il a du plaisir dans une toile, on le sent.
-LGJ: Comment s’est passée votre rencontre avec le Mexique ?
-J-J. Chambry: En France j’ai connu des peintres mexicains qui étaient venus de Mexico pour exposer. Ils nous ont beaucoup parlé du Mexique… j’étais emballé !
Alors, avec mon épouse, nous avons décidé de partir au Mexique, sans connaitre personne. Heureusement elle est d’origine argentine et parle espagnol.
Après une arrivée mouvementée à Mexico on a décidé d’aller à Oaxaca. En fait nous avons séjourné dans beaucoup de lieux: à San Luis Potosi, à Ajijic -près de Guadalajara- nous avons aussi découvert Xalapa, dans le Veracruz, qui nous a beaucoup plu. Et puis là nous avons décidé de partir nous installer quelque temps à Aguascalientes.
-LGJ: Avez-vous trouvé une source d’inspiration au Mexique pour votre peinture ?
-J-J. Chambry: C’est compliqué, car nous avons vraiment beaucoup voyagé jusqu’à maintenant, nous ne sommes pas vraiment installés. Et moi pour peindre il faut que je sois dans un élément vraiment favorable…
Mais à l’avenir, oui, je pense peindre sur le Mexique, j’ai plein d’idées !
J’aimerais faire une toile sur chaque région que je visite : Oaxaca, le Jalisco -et le magnifique lac de Chapala- également une superbe vue qu’il y a sur Xalapa. Il y a de belles choses de partout. Le pays est merveilleux et les gens sont adorables.
Chaque étape de ma vie, chaque lieu dans lequel j’ai vécu correspond à une étape dans ma peinture. Je ne pourrais pas peindre si je ne voyageais pas.
L’évolution dans mon art c’est quelque chose d’important, il faut constamment sortir de ses habitudes, se réinventer.
Pour vivre, pour pouvoir exprimer ce que tu as à exprimer il faut bouger, ça élargit l’esprit !
-LGJ: Pour peindre, vous utilisez une technique très personnelle, pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?
-J-J. Chambry: J’ai mis au point une façon de peindre qui a fait que j’ai eu beaucoup d’élèves. Je peins au vernis, un vernis très gras -du style de celui qui sert à peindre les coques de bateaux !
J’ai été influencé par les laques des chinois. Ils vernissent et ils poncent, jusqu’à 7 ou 8 fois. C’est ce qui donne l’effet de miroir.
Mes peintures ont 4 ou 5 couches minimum. Ça donne une certaine épaisseur. Le vernis accroche la lumière. Grâce à cette méthode j’arrive à avoir des couleurs absolument fortes.
Cette technique m’a permis d’avoir beaucoup d’élèves. L’avantage c’est que quand un élève l’utilise, il peut changer la couleur, repasser, retirer la couleur avant qu’elle ne sèche. Il peut faire plusieurs essais, et surtout ça permet beaucoup d’accidents… C’est ça qui est beau dans la peinture !

-LGJ: Vous avez des expositions de prévues ?
-J-J. Chambry: J’ai déjà exposé à Guadalajara, à la galerie Vértice.
J’étais censé exposer durant un mois à Aguascalientes, pour la Feria de San Marcos, mais il y a eu de grandes réductions budgétaires et mon expo a été annulée…
Le 3 et le 4 avril il y aura une exposition de mes œuvres sur la tauromachie à l’Alliance Française de Xalapa. Et puis dans plus longtemps en janvier 2010 une grande exposition à l’Agora de Xalapa.
Exposer c’est important. Mais moi ce qui m’intéresse vraiment ce n’est pas le tableau que j’ai fait ; c’est le tableau que je vais faire !
Peindre pour moi c’est un besoin, comme de respirer. Ce que j’aime c’est être en face de ma toile blanche, car tout est possible.
Interview réalisée par Nicolas Quirion -(legrandjournal.com.mx)